Témoin de la civilisation de la navigation maritime de la Chine ancienne

2021-07-27 10:24:38

Témoin de la civilisation de la navigation maritime de la Chine ancienne

Photo/Pont Luoyang reliant le port et les régions intérieures

Témoin de la civilisation de la navigation maritime de la Chine ancienne

Photo/Site historique de la Porte Deji initialement construite sous la dynastie des Song du Sud

Témoin de la civilisation de la navigation maritime de la Chine ancienne

Photo/Mosquée Qingjing initialement construite sous la dynastie des Song du Nord

Témoin de la civilisation de la navigation maritime de la Chine ancienne

Photo/Temple Kaiyuan et ses deux pagodes rassemblant des cultures diverses

Considéré comme le patrimoine de la navigation maritime des ancêtres Chinois, le port de Quanzhou constitue un témoignage historique de l’embrassement de la civilisation maritime par la nation chinoise.

Le 16 juillet 2021, la 44e session élargie du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO qui attire beaucoup d’attention s’est ouverte à Fuzhou en Chine. Parmi de nombreux sites proposés pour l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, le site chinois « Quanzhou : emporium mondial de la Chine de la dynastie des Song et des Yuan » est au centre des préoccupations.

En 2016, l’Administration nationale du patrimoine culturel de la Chine a lancé le projet concernant la proposition d’inscription des routes maritimes de la soie sur la Liste du patrimoine mondial. En tant que cheville ouvrière de ce projet, la ville de Quanzhou a lancé une série des mesures visant à protéger le patrimoine culturel. En 2018, Quanzhou a soumis la proposition d’inscription des « Monuments et sites historiques de l’ancienne Quanzhou (Zayton) » sur la Liste du patrimoine mondial, qui a été examinée par le Comité du patrimoine mondial lors de la 42e session. Selon la décision de l’examen, l’inscription du site nécessite des matériaux supplémentaires.

Après des fouilles archéologiques plus détaillées, une nouvelle définition des valeurs patrimoniales et des ajustements minutieux des éléments proposés, cette fois, la proposition d’inscription de « Quanzhou : emporium mondial de la Chine de la dynastie des Song et des Yuan » présente un thème plus précis, une définition des valeurs plus claire et plus complète. Son contenu des éléments constitutifs du site de patrimoine devient plus riche (de 16 éléments à 22 éléments). Elle a été pleinement reconnue par les professionnels.

Le 25 juillet, « Quanzhou : emporium mondial de la Chine de la dynastie des Song et des Yuan » a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Alors quelle est la valeur exceptionnelle de ce nouveau site du patrimoine mondial ?

Précurseurs des explorations maritimes et des liaisons maritimes avec plusieurs pays étrangers

Géographiquement, la ville de Quanzhou est dotée de conditions exceptionnellement favorables à la navigation maritime : c’est une ville où la terre finit et la mer commence, possédant d’abondantes ressources naturelles avec la mousson soufflant régulièrement. C’est pour cette raison que les Quanzhounais (habitants de Quanzhou) vivaient de la mer en envoyant des navires en mer et priant que les vents soient propices à ces derniers. Ils sont devenus ainsi les précurseurs des explorations maritimes et des liaisons maritimes avec plusieurs pays étrangers de la Chine ancienne. En 1087, sous la dynastie des Song du Nord, le Bureau du commerce maritime (Shibosi) a été fondé à Quanzhou, en inaugurant un nouveau chapitre dans l’histoire de la navigation maritime du port de Quanzhou. Dès lors, ce dernier a connu un essor fulgurant pour devenir un représentant exceptionnel des villes portuaires du monde entier, occupant une place importante dans l’histoire de la navigation maritime du monde.

En termes d’urbanisme et de disposition des espaces, la ville antique de Quanzhou est un vrai modèle de la ville portuaire : le port est situé à un endroit où un fleuve se jette dans la mer, ce qui assure à la fois la facilitation des transports et la protection contre les typhons. La ville a été construite le long du fleuve, dans laquelle des quais, des magasins, des marchés et des entrepôts ont été régulièrement répartis. Les bureaux du gouvernement, les résidences des fonctionnaires, les maisons résidentielles et les quartiers des marchands étrangers ont été savamment disposés. En outre, grâce au réseau hydrographique de la rivière Jinjiang et au système de transport terrestre développé, la ville de Quanzhou a développé un écosystème économique visant à soutenir le développement du commerce dans les ports. Plus précisément, des fours à porcelaine et des plantations du thé ont été créés le long du fleuve, la production de fer et le textile ont connu un développement intensif ; à l’intérieur de la ville, des artisans qualifiés et expérimentés ont créé des ateliers d’artisanat. A l’extérieur de la ville, une zone commerciale des marchés a pris forme où un grand nombre de marchands se rassemblaient et de nombreux quartiers des marchands étrangers se trouvaient. A l’intérieur et à l’extérieur de la ville de Quanzhou, on trouvait des ateliers de transformations des métaux tels que l’or, l’argent, le cuivre, le fer et l’étain. Certains noms de la rue liés à ce sujet sont encore utilisés aujourd’hui comme la « Rue Datie (forge)» et la « Rue Daxi (métallurgie de l’étain)». Le nom de « Rue Datie » a même été introduit dans la lointaine ville historique de Melaka par les Quanzhounais à l’époque.

Étant considéré comme un site patrimonial de la civilisation de la navigation maritime de la Chine ancienne, Quanzhou a bénéficié de ses conditions géographiques uniques, de son écosystème économique plein de dynamisme et des gènes de la navigation intégré dans le sang des Quanzhounais. Tout cela permet de montrer la sagesse de la survie et l’aspiration spirituelle chez les anciens Chinois dans un aspect particulier.

Historiquement, les navires marchands ont navigué en mer au départ du port de Quanzhou pour atteindre le golfe du Siam, la mer de Java, le détroit de Malacca et même l’océan Indien et le golfe Persique. Les Chinois, qui avaient créé une splendide civilisation agricole, ont laissé une belle trace de leur présence dans les régions lointaines aux extrémités de la mer qui paraissaient inaccessibles.

« Dans le marché, il y avait les piles d’épices, de pierres précieuses, de bois rares, de bijoux en or et en argent etc. Même le volume d’échanges commerciaux d’épices du port d’Alexandrie, considéré comme le centre d’épices du monde méditerranéen, n’atteigne pas le dixième du volume d’échanges du port de Quanzhou. » C’est une description du port de Quanzhou sous la plume du célèbre explorateur Marco Polo.

Outre Marco Polo, deux autres grands voyageurs autant célèbres que lui, à savoir l’explorateur marocain Ibn Battûta et l’explorateur chinois Wang Dayuan ont mené le long voyage à travers des océans entre le golfe Persique et la ville de Quanzhou. Wang Dayuan a même effectué deux allers-retours. Ces deux hommes ont laissé chacun une œuvre qui passe à la postérité concernant l’ère classique de la navigation maritime : « Cadeau précieux pour ceux qui contemplent les splendeurs des cités et les merveilles des voyages » et « Un bref compte-rendu des barbares de l’île ». Les expéditions maritimes de Zheng He dans l’océan de l’ouest (1405-1433), connus sous le nom de la « Légende de la navigation maritime de l’Orient », ont également laissé une trace historique à Quanzhou. Dans le mont Lingshan à Quanzhou, se dresse toujours le « stèle portant l’inscription sur le rituel d’offrande d’encens de Zheng He », qui relate l’histoire de l’expédition de Zheng He dirigeant la plus grande flotte de navires du monde à l’époque, allait en avant avec beaucoup de forces et de vigueurs en direction du golfe Persique.

Terre magique qui accueille tous les cours d’eau et rassemble des civilisations diverses

Le port de Quanzhou relie la Chine au monde extérieur et conserve la mémoire historique de la navigation maritime classique de l’humanité. Il constitue un patrimoine culturel maritime mondialement représentatif, datant d’avant « la Grande navitation maritime » et les « Grandes découvertes ». Par conséquent, l’UNESCO et l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) ont estimé que l’ancien port de Quanzhou présente une « valeur universelle exceptionnelle pour toute l’humanité », qui est nécessaire pour être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.

Ce magnifique port maritime, avec la verdure éclatante des arbres Zayton (Erythrina variegata), a accueilli des envoyés et des marchands venant de l’Asie du Sud-Est, de Perse, des pays arabes, de l’Inde, de Ceylan et même de monde méditerranéen. Le Temple Tianhou consacré au culte de Mazu (déesse de la mer), le Temple Kaiyuan du bouddhisme, la Mosquée Qingjing de l’islam, le Temple Fanfo de l’hindouisme, le Temple de Mani d’origine persane, le Temple Jingjiao d’origine syrienne et des églises chrétiennes venant du monde méditerranéen se sont dressés autrefois sous le ciel de la ville de Quanzhou, qui constitue donc un vrai musée naturel des religions du monde.

Des groupes ethniques, des croyances et des langues différentes pouvaient vivre ensemble en harmonie dans la ville de Quanzhou, créant ainsi un typique paysage du patrimoine urbain marqué par une diversité culturelle.

Le rôle joué par la ville de Quanzhou dans la Route de la soie maritime est comme celui joué par la ville de Dunhuang dans la Route de la soie terrestre. Ces villes racontent les légendes de beaux échanges humains. Outre les ports chinois de Quanzhou, de Guangzhou, de Ningbo, de Yangzhou et de Dengzhougang, il existe de nombreux autres anciens ports maritimes sur la Route de la soie maritime, la plupart desquels ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO ou la Liste indicative. Parmi ces villes portuaires le long de la Route de la soie maritime, Quanzhou se distingue par son charme et son esprit de l’Orient, constituant non seulement un grand port oriental qui intègre l’ancienne route du thé, la capitale millénaire de la porcelaine et le pays de la soie, mais aussi une terre magique qui accueille tous les cours d’eau et rassemble des civilisations diverses.

Retracer l’histoire du commerce maritime antique

Quanzhou est un site du patrimoine mondial découvert par la nouvelle génération et « mis au jour » par les archéologues.

Dans les années 1920, Gu Jiegang, Zhang Xinglang, Chen Wanli et d’autres chercheurs chinois ont visité la ville antique de Quanzhou, ce qui a marqué le début des études sur cette ville. En 1957, sous les conseils de Xia Nai et d’autres archéologues, Wu Wenliang, originaire de Quanzhou, a compilé et publié le livre Inscriptions religieuses sur pierre de Quanzhou selon les ressources qu’il a collectées. Dès lors, la valeur importante de Quanzhou dans l’histoire des échanges de la Chine avec l’étranger a commencé à attirer l’attention des milieux académiques chinois et étrangers.

De nombreux facteurs ont contribué à la formation de la ville portuaire qui a influencé le monde il y a mille ans, tels que les assurances politiques, le soutien de l’État, le dynamisme des communautés, la richesse technologique et culturelle etc. Il faut chercher et assembler ces facteurs dans cette ville dont l’organisation des espaces urbains a connu une évolution au fil du temps.

Le Bureau du commerce maritime (Shibosi) fondé à Quanzhou sous la dynastie des Song du Nord est l’une des premières administrations douanières qui est bien documentée et revêt une importance historique, marquant que Quanzhou a été officiellement désignée comme un port national du commerce extérieur. Le site historique a été découvert et identifié par des archéologues.

Le site du Bureau des affaires du clan impérial du Sud, organisme administratif pour les membres du clan impérial de la dynastie des Song du Sud qui se sont réfugiés à Quanzhou et étaient actives dans le commerce maritime, a été confirmé par des fouilles archéologiques.

En particulier, des fouilles archéologiques sur les sites de fours de Dehua et de Cizao, dont les produits en porcelaine atteignaient autrefois tous les coins du monde, ont donné lieu à de nombreuses nouvelles découvertes. Ces sites de fours ont une longue durée, des reliques culturelles complètes et des chaînes techniques claires, constituant des références importantes dans les études sur les produits en porcelaine d’exportation et faisant donc l’objet de mesures de protection. Ces nouvelles découvertes et les installations productives telles que le site de production de fer de Xiacaopu récemment mis au jour dans le district d’Anxi permettent de montrer de manière vivante l’écosystème économique de Quanzhou et de son arrière-pays. Grâce aux efforts des archéologues et des experts en protection des biens culturels, la physionomie historique de l’ancien port millénaire a pu être clairement démontrée.

Les études archéologiques sous-marines sur d’innombrables épaves permettent également de montrer de manière vivante l’influence de la ville de Quanzhou, considéré comme vitrine de la civilisation maritime, dans l’histoire de la navigation maritime du monde.

L’épave de Houzhu à Quanzhou, découverte en 1973 et datée d’environ 1277, est l’un des premiers navires de mer (de type de jonques Fuchuan) découverts en Chine. Le profil aérodynamique et les compartiments étanches de la jonque antique de Houzhu représentent les réalisations remarquables enregistrées dans l’histoire de la construction navale de la Chine ancienne. La technique des cloisons étanches des jonques chinoises est une contribution majeure apportée par la Chine à la navigation maritime du monde. Le navire est divisé en compartiments indépendants et étanches par cloisons, ce qui renforce non seulement la solidité du navire, mais améliore aussi de manière considérable la sécurité de la navigation, car si un de ces compartiments est accidentellement endommagé, l’eau de mer ne pénétrera pas dans les autres compartiments, il suffit de réparer le compartiment endommagé et de colmater la fuite pour que le navire puisse continuer sa navigation.

Évidemment, ce navire est retourné avec les compartiments pleins de marchandises. Parmi les marchandises transportées par ce navire, les épices peuvent déjà démontrer à quel point le commerce maritime était prospère dans le port de Quanzhou à l’époque. On y trouve l’encens, le calambac, le santal blanc, le sappan, le poivre, l’ambre gris…tout ce que l’on peut trouver dans la route des épices, ce qui illustre parfaitement un chapitre de l’histoire du réseau commercial maritime dans l’Antiquité.

Le Nanhai n°1 (Mer de Chine méridionale n°1) est l’épave d’un navire marchand chinois datant de la dynastie des Song. La découverte de ce navire en 1987 a été reconnue par la communauté académique internationale comme une importante réalisation archéologique sous-marine pour la Route de la soie maritime. Ce navire marchand de haute mer, au départ du port de Quanzhou, prévoyait de se rendre en Asie du Sud-Est et même dans l’océan Indien, mais il a malheureusement coulé dans les eaux de Chuandao dans la province du Guangdong. L’intégrité de la coque de navire conservée et la richesse des marchandises commerciales sur l’épave sont impressionnantes. Le navire était chargé de marchandises en provenant de Quanzhou, y compris des objets en céramique, en fer, en soie, en laque, en étain, ainsi que des bijoux en or et en argent et des lingots d’argent et pièces de monnaie. Certaines marchandises portent même les noms de famille de leurs propriétaires, tels que Chen, Lin, Huang, Li etc, qui étaient ceux des familles de marchands maritimes vivant à Quanzhou depuis des générations. Avec ces artefacts mis au jour, on peut même voir les scènes décrites dans les documents historiques tel que le livre Pingzhou Ketan (Histoires de Canton) : les marchands partagent les espaces du navire pour déposer leurs propres marchandises, ils se couchaient souvent sur les marchandises pour bien garder leurs espaces occupés.

Quanzhou est la « ville de lumière » largement reconnue par d’innombrables textes classiques et le grand port oriental connu pour son nom de Zaitun (Zayton) dans le monde entier. Aujourd’hui, on peut toujours imaginer une scène comme la suivante : les navires de grande taille, ayant des compartiments grands et des voiles hautes, se rassemblent au port, attendant avec impatience un long voyage aux vents propices et à grande vitesse ; ou encore, des navires remplis de marchandises échangées viennent d’accoster au port, accueillis par une myriade de nouveaux rêves…