Lieu d’origine de l’industrie céramique dans le Sud de la Chine

2020-04-27 10:06:01

Lieu d’origine de l’industrie céramique dans le Sud de la Chine

Narrateur : Zheng Hui (leader de l’équipe de fouille archéologique du site historique Mao’ershan, chercheur en muséologie et en art et culture)

Le site des fours des dynasties des Shang et Zhou du Mao’ershan (littéralement Mont Mao’er) est un bien culturel qui rassemble des fours à porcelaine de différents types qui sont bien conservés et présentent une superposition stratigraphique et une succession chronologique. D’après l’équipe d’experts archéologues de l’Administration nationale du patrimoine culturel de la Chine, la découverte des fours en forme de longue barre a fourni des matériels physiques très précieux pour étudier le développement de la technologie céramique dans le Sud de la Chine et l’origine du four dragon et de la protoporcelaine, ce qui constitue une importante valeur pour les recherches scientifiques.

Auparavant, les fours à porcelaine datant de la période Pré-Qin (la période avant la fondation de la dynastie Qin qui dure de 221 à 206 av. J.C) ont été rarement découverts dans le Sud de la Chine, notamment dans les provinces du Zhejiang, du Fujian, du Jiangxi et du Guangdong. Et encore, parmis les fours déjà mis au jour, la plupart sont d’un type unique, avec seulement certains vestiges du fond des fours qui ne présentent pas une structure claire. Il était donc difficile pour les experts d’en déduire le processus d’évolution des fours, ce qui a limité les études en ce matière. Par conséquent, il est traditionnellement admis dans les milieux scientifiques que le système des fours ronds (appelés aussi fours en forme de pain rond) est une technologie traditionnelle du Nord de la Chine et que le système des fours dragons est celle du Sud de la Chine, qui représentent respectivement les civilisations du bassin du fleuve Jaune et du bassin du fleuve Yangtzé en tant que produits de différents environnements culturels. 

Pourtant, d’après les résultats des études sur les 9 fours à porcelaine découverts dans les fouilles archéologiques du site des fours du Mao’ershan (littéralement Mont Mao’er) en matière de la superposition stratigraphique, de la datation par le carbone 14 et des analyses comparatives sur des objets exhumés, les fours de phase I remonte à plus de 3 600 ans , qui appartient au type appelé fours à flamme directe selon leur structure ; les fours de phase II a une histoire d’environ 3 580 ans, qui sont typiquement les fours à flamme semi-renversée ; les fours de phase III sont datés de 3 500 à 3 400 ans, qui se composent de foyer, de conduit de flamme, de chambre de cuisson et de cheminée (également les éléments principaux d’un four dragon). Ces fours sont construits sur une pente et équipés d’une cheminée qui assure un excellent tirage. Ces deux éléments sont favorables à des cuissons à des températures relativement élevées, permettant de conserver facilement l’atmosphère réductrice dans le four et d’améliorer la production et la qualité des produits en porcelaine.

Les fours du Mao’ershan en 3 phases présentent de diverses formes telles que ronds, ovales et en forme de longue barre. Du point de vue de la datation, de l’accumulation des strates et de la superposition stratigraphique, la technologie céramique dans le Nord de la province du Fujian s’est développée à partir du four à flamme directe vers le four à flamme semi-renversée, puis vers le four dragon. L’apparition de ces trois types de fours n’avait qu’un intervalle de dizaines d’années. Ils pouvait coexister ou évoluer simultanément. En plus, on peut également constater que les fours à porcelaine datant de la période Pré-Qin dans le Sud de la Chine étaient de types divers et formaient un système céramique indépendant. Ce système permettait de développer indépendamment le four dragon, qui était caractérisé par des cuissons à des températures plus élevées, une capacité plus grande et des techniques plus avancées. Tout cela constitue un fondement solide pour étudier le développement de la technologie céramique de la Chine.

L’origine du four dragon et de la protoporcelaine est une question en suspens depuis longtemps pour les archéologues chinois. Une sole longue, la grande capacité de cuisson, une grande production, une circulation de la flamme homogène, un refroidissement rapide, ce sont les caractéristiques du four dragon. Il est donc très favorable à la cuisson de la porcelaine. D’après de nombreux chercheurs, les poteries dures à décor par impression et les objets en protoporcelaine largement utilisés dans le Sud de la Chine sous les dynasties Shang et Zhou (1600-256 avant J.C.) n’étaient fabriqués que dans des fours dragons.

Cependant, parmi les découvertes archéologiques précédentes, il y avait très peu de fours dragons datant de la période Pré-Qin trouvés dans le Sud de la Chine, et la plupart d’entre eux sont datés entre la fin de la dynastie Shang et la période des Printemps et Automnes. Les fours dragons mis au jour dans le site des fours à porcelaine du Mao’ershan datent du début de la dynastie des Shang et ils sont les mieux conservés et les plus anciens jamais découverts en Chine. Cette découverte comble les lacunes dans les recherches en ce matière et prouve que le Mont Mao’er est l’un des sites d’origine des fours dragons en Chine.

La poterie de pigments de terre noire est une transition entre la poterie ancienne chinoise et la protoporcelaine. Les produits du site des fours du Mao’ershan sont principalement des poteries de pigments de terre noire, datés entre les dynasties des Xia et Shang (2070-1046 avant J.C.). Ce site est le seul site de fours découvert en Chine pour la première fois où un grand nombre de poteries de pigments de terre noire ont été cuites.

Auparavant, un grand nombre de poteries de pigments de terre noire ont été exhumés dans les fouilles des sites archéologiques datant des dynasties Xia et Shang situés dans le Nord de la province du Fujian (comme le Mont Doumi à Shaowu, la Colline Maling à Guangze, le village de Guanjiu à Pucheng), dans la province du Zhejiang (comme Jiantounong de Jiangshan, Maqiao de Shanghai) et dans la province du Jiangxi (comme Sheshantou à Guangfeng), mais leur origine est inconnue. Situé à la jonction de ces provinces, en tant que site des fours à porcelaine spécialisé dans le Sud de la Chine sous les dynasties Xia et Zhou, le site des fours du Mao’ershan était caractérisé par une technologie céramique avancée et une production importante et variée. Ses activités de cuisson et de production ont duré 200 à 300 ans.

Par conséquent, nous en déduisons que le site des fours du Mao'ershan a non seulement satisfait aux demandes locales, des poteries de pigments de terre noire fabriqués ici ont été également expédiés vers ses régions voisines en tant que produits d’échanges. Cela nous a permis de trouver l’origine précise des poteries de même type découvertes dans les sites archéologiques des dynasties Xia et Zhou dans les provinces du Fujian, du Zhejiang et du Jiangxi.

Par ailleurs, la superposition stratigraphique du site du Mao’ershan est claire, sa datation est relativement précise et la succession chronologique des objets exhumés est également claire. Ces informations constituent une base solide pour étudier l’origine, la chronologie et la datation des tombeaux sous tumulus dans la région du Jiangnan (région géographique proche de Shanghai).

Les tombeaux sous tumulus du Fujian sont principalement concentrés dans le nord de la province. Les objets funéraires des tombeaux datant des dynasties Xia et Shang sont généralement des poteries de pigments de terre noire et des poteries dures à décor par impression. Vu que les tombeaux sous tumulus se trouvent sur une crête ou au sommet d’une colline, il n’y a pas de superposition des strates archéologiques et les artefacts sont groupés individuellement, il est donc impossible de déterminer l’âge par la stratigraphie. Dans les tombeaux sous tumulus de Guanjiu à Pucheng, les poteries exhumées en phase I sont totalement identiques à celles exhumés dans les fours du Mao’ershan de phase II. En tenant compte que ces deux sites sont proches l’un de l’autre, nous en déduisons que l’origine de ces poteries est le site des fours du Mao’ershan et qu’elles datent des dynasties des Xia et Shang.

Le site des fours à porcelaine du Mao’ershan est une découverte archéologique majeure, prouvant l’existence d’un centre de production céramique dans le Sud de la Chine dans les premiers âges et que Pucheng était un des lieux d’origine de production et développement de la céramique en Chine.