Légende des temps passés - L’herminette de pierre qui a traversé le détroit de Taiwan

2020-02-24 10:39:55

Narrateur : Fan Xuechun (chercheur au Musée du Fujian)

Les deux sites archéologiques préhistoriques contemporains de la montagne Damao et des îles Penghu présentent des traditions culturelles similaires, impliquant des relations étroites de la culture archéologique des deux côtés du détroit, ce qui indique que les gens de cette époque maîtrisaient déjà des techniques de navigation assez sophistiquées et possédaient de certaines connaissances sur l'avancement et le recul de la marée par lesquelles les anciens habitants ont pu traverser librement le détroit de Taiwan.

Afin d'étudier les problématiques des relations culturelles préhistoriques entre le Fujian et Taïwan et de l'origine du groupe ethnique austronésien, le Musée du Fujian, en collaboration avec le département d'anthropologie de l'Université de Harvard et le département d'anthropologie de l'Université d'Hawaï, a lancé à plusieurs reprises depuis 2001 des recherches conjointes sur les modes d'échanges régionaux de l’époque préhistorique des zones côtières de l’est du Fujian et les conditions de développement de la navigation.

De novembre à décembre 2002, le musée du Fujian et d'autres institutions ont procédé à la première fouille du site archéologique de la montagne Damao, et ils ont effectué la deuxième fouille de mai à juillet 2003. Ces deux fouilles ont exposé de riches matériaux, qui ont non seulement révélé l’époque, la nature, la connotation culturelle et le modèle économique à l’époque du site, mais ont aussi fourni un modèle pour d'autres études comparatives culturelles régionales plus avancées ainsi que l'établissement de la séquence chronologique de la culture néolithique dans le sud du Fujian.

Concrètement, le site archéologique de la montagne Damao est un site de type amas coquillier insulaire avec une accumulation relativement simple. Bien que son accumulation culturelle ait connu certains dégâts, les deuxième et troisième couches exhumées restent des accumulations originelles d’après l’observation de l'état des vestiges exhumés. Les poteries réparables sont toutes concentrées dans un petit périmètre, et la forme de certaines d'entre elles peut encore être discernée lors de l’excavation. Les fragments de poterie déterrés conservent essentiellement la forme qu’ils avaient lorsqu'ils se sont brisés, et ces caractéristiques similaires sont également trouvées sur les herminettes en pierre et les outils en os exhumés. Un nombre considérable de coquillages, en particulier ceux situés près du fond de la couche culturelle, sont intacts et ne présentent aucun signe de dommage.

Par conséquent, on peut conclure que ces deux couches culturelles n'ont pas subi de dommages humains ultérieurs. L'analyse des vestiges indique également que la connotation culturelle du site archéologique de la montagne Damao est relativement simple, indiquant que ce sont tous des vestiges néolithiques datant de la même période. Cela montre qu'après l'abandon de ce site, les générations suivantes n'ont pas continué à vivre ici. Ces phénomènes fournissent une base pour déterminer avec précision de la nature culturelle et la datation du site. D’après l’évaluation de la datation par le carbone 14, le site date de 4300 à 4800 ans en arrière, ce qui équivaut à la période de la culture de Tanshishan dans le district de Minhou.

La poterie mise au jour sur le site lors de la fouille était pour la plupart des fragments, seulement onze roues tournantes en poterie étaient intactes, et un pot en argile ainsi qu’un conteneur pour aliments ont été restaurés. Les poteries exhumées étaient principalement constituées de poteries de type jiashatao, représentant plus de 84% du total, suivies de poteries en argile. La poterie jiashatao est principalement de couleur brun rougeâtre, mais aussi gris foncé, brun clair, jaune clair, etc., et une petite quantité de poterie jiashatao est rouge, jaune clair et jaune. Les couleurs de la base et de la surface de ces poteries sont souvent différentes, les couleurs étant le plus souvent marbrées. La couleur de la base est principalement gris foncé et la base est mélangée avec du sable de quartz, du mica et des débris de coquillages. Les poteries en argile possèdent différentes couleurs de surface, dont le gris foncé, le rouge clair, le rouge et le jaune, le jaune, le gris clair, le jaune clair et le brun clair. La couleur de base de ces poteries est généralement la même que la couleur de la surface, et il existe également des différences entre les couleurs de base et de la surface. La base est généralement mélangée avec du sable de quartz, du mica et des débris de coquillages.

De manière générale, les formes des poteries sont relativement simples, les pots à fond circulaire et ceux à pied circulaire étant les plus répandus. Les différentes formes se divisent principalement en chaudrons, pots, récipients pour aliments, assiettes, bols, roues tournantes, etc. D’après les observations faites, concernant la méthode de fabrication des poteries, la bouche et les épaules semblent généralement formés sur un tour lent, et des traces de rotation sont souvent laissées sur les bords de l’ouverture. Les parties du fond et du milieu sont quant à elles principalement façonnées à la main, il y a donc des traces de façonnage à l’intérieur du fond et du milieu des débris, ce qui crée une épaisseur de paroi inégale. La plupart des parties des pieds circulaires sont également connectées après la rotation. La température est relativement basse pour de la poterie et la base des poteries contient du sable fin ainsi que des fragments de mica.

Les poteries en argile pure semblent avoir été essuyées avec des mains mouillées sur leur surface. La surface de certaines poteries en argile est polie. Les méthodes décoratives pour la surface des poteries comprennent l’impression, le gaufrage, l'estampage, l'effilage, la gravure, l'empilage, le polissage et le creusage. Parmi les motifs, le motif corde obtenu par impression est le plus courant, avec également l’impression de motifs tissés, les lignes courtes, les marques d’ongles, les motifs points estampés ou effilés, les lignes courtes parallèles ou en zigzag, les lignes enchevêtrées et les lignes en relief, etc.

Ces motifs décoratifs ne sont souvent pas appliqués à un seul ustensile, mais c’est plutôt une combinaison de plusieurs ornements qui est appliquée à un ustensile. Les ornements sont souvent appliqués sur le bord de l'ustensile : certains bords d’ustensiles présentent des motifs dentelés. Des lignes enchevêtrées ou en relief sont souvent appliquées sur le milieu de l'ustensile. Les motifs en marques d'ongles sont plus courants sur le bas des ustensiles, tandis que les creux sont plus courants sur la partie du pied circulaire de l’ustensile.

Ces caractéristiques culturelles sont représentatives des sites néolithiques du sud du Fujian, et similaires à celles des sites archéologique de la montagne Sufeng dans le district de Dongshan, de Cheng'an et de la montagne Lazhou dans le district de Zhao'an, indiquant qu'elles peuvent toutes appartenir à une même tradition culturelle du sud du Fujian, ou encore être désignées comme "culture de la montagne Damao", qui présente de nombreuses similitudes avec la culture de Tanshishan du district de Minhou.

En ce qui concerne les caractéristiques et connotations de cette culture, les poteries du site archéologique de Damao et du site de Suogang sur les îles Penghu sont les plus proches, étant par exemple principalement faites de poterie rouge ou rouge brune, les ustensiles principalement façonnés étant des récipients pour aliments, pots et chaudrons, et la décoration principalement en motifs corde, gravures et motifs dentelés, avec une plus petite quantité de marques d'ongles et de lignes enchevêtrées. L'analyse de la composition physique et chimique des herminettes de pierre est également la même que celles fabriquées sur l'île Qimei.

D’après les données archéologiques actuelles, il existe des preuves que des ancêtres préhistoriques le long de la côte sud-est du Fujian sont arrivés à la côte de Taïwan en suivant la mousson depuis la côte du Fujian, puis se sont dispersés jusqu’aux Philippines depuis Taïwan et ont ensuite migré vers les îles du Pacifique et de l'Océan Indien. Les sites culturels préhistoriques importants comme ceux de l’île Dongmen dans le district de Dongshan où ont été découvertes des peintures rupestres aux motifs solaires ou encore celui d’amas coquillier de Damao possèdent tous des empreintes culturelles et de vie similaire à celles des Austronésiens, indiquant que la culture de la montagne Damao fait également partie d’une des premières cultures austronésiennes.